Travail du dimanche : Lettre aux élus du Bas-Rhin

Publié le par Syndicats CFDT des Commerces et Services 67



Messieurs et Mesdames les Députés et Sénateurs,

 

 

Nous tenons à vous faire part des vives inquiétudes suscitées chez les salariés du Commerce et des Sociétés de Service du Bas-Rhin par l'annonce faite par Le Gouvernement d'une loi, d'ici la fin de l'année, sur le «travail dominical». 

 

Cette déclaration intervient au moment où la crise s'accompagne pour les salariés de ces activités professionnelles d'une crainte légitime pour leur emploi et leur pouvoir d'achat.

 

Le syndicat Commerces et Services du Bas Rhin et les salariés de ces branches d'activité s'insurgent contre le projet de loi du gouvernement portant sur l'ouverture des magasins le dimanche.

 

Le travail du dimanche viendrait fragiliser la seule valeur familiale qui semble encore résister aux évolutions de notre société, malgré l'augmentation du nombre des divorces, des familles recomposées ou de la monoparentalité, à savoir la volonté de partager un même jour de repos en famille.

 

Permettre, demain, le travail du Dimanche dans le commerce, reviendrait à le généraliser, après demain, à tous les secteurs d'activités, propretés, sécurité, transport de marchandises, industrie (fabricants de pain) etc... Puisque les activités des uns sont en liens directs avec celles des autres.

 

Nicolas SARKOZY a déclaré «Le travail dominical, c'est un jour de croissance en plus, c'est du pouvoir d'achat en plus»

 

Cette mesure sera sans effet sur la consommation ou l'activité économique, les ménages sont confrontés à la baisse du pouvoir d'achat et les entreprises au ralentissement de la croissance.

 

L'ouverture du dimanche n'a pour effet que de reporter une partie du chiffre d'affaire de la semaine sur le dimanche et de fait, ne constitue pas un jour de croissance supplémentaire.

 

Concernant le plus du pouvoir d'achat, beaucoup de Conventions Collectives ne prévoient aucune majoration pour le travail du dimanche. Mais, il est vrai que certaines entreprises pratiquant des ouvertures illégales le dimanche (beaucoup de procédures sont en cours devant la justice sur ce point) majorent le travail du dimanche de 100 %,  sans que cela constitue pour autant un supplément de pouvoir d'achat. Pour cause, quelles sont les structures d'accueil prévues pour les enfants le dimanche, pour permettre aux parents de travailler, ces derniers sont souvent en situation monoparentales ou en  rupture familiale ? Quels sont les moyens de transports mis à dispositions pour les déplacements ? Et surtout quel est le coût de la garde d'un enfant le dimanche ? Prenez ces coûts en compte et voyez où est le gain de pouvoir d'achat. Dans une phase d'augmentation de délinquances, notre société peut-elle courir le risque de voir des enfants laisser à l'abandon par les parents pour aller travailler le dimanche ?

 

Le volontariat des salariés, pour la majorité, n'est pas un réel volontariat malgré les mesures de compensations financières, mais en réalité, ce volontariat est issu d'un chantage à l'emploi. 

«Soit tu es volontaire ou tu te cherches un autre emploi !», face à la précarité des salariés, ce discours fait mouche.

 

N'y a-t-il pas un lobbying patronal derrière certains salariés qui se déclarent volontaires pour le travail du dimanche, la question se pose légitimement.

 

Les horaires d'ouvertures des magasins n'étant pas encadrés par la législation, le consommateur bénéficie déjà de grandes latitudes horaires dans la semaine pour faire les courses puisque beaucoup d'enseignes de la grande distribution ferment à 22h le soir. Ces amplitudes extrêmes placent déjà les salariés dans une flexibilité insupportable, et ce pour des salaires de SMICARDS.

 

Les salariés de ces branches sont déjà très mal lotis : niveaux de revenus très bas, conditions de travail difficiles, précarités extrêmes, temps partiel très présent etc... Le stress lié aux augmentations de productivités de ces salariés devient de plus en plus inquiétant, la flexibilité qui se développe de plus en plus.

 

Les actions entreprises au niveau de toute la France en date du 1er février démontrent les malaises et le mal-être des salariés dans cette branche professionnelle. Il ne faut pas rajouter des contraintes supplémentaires, les salariés ne le supporteraient pas.

 

Le travail du Dimanche ne créera pas d'emplois, la lecture de nombreuses études vient confirmer cette affirmation.

 

Le travail du Dimanche affaiblira encore les petits commerces et nous conduira inexorablement vers une société de «BIG BROTHER»... Est-il nécessaire de rappeler que certains «groupes» représentent déjà aujourd'hui plus de 220.000 salariés...

 

Les consommateurs sont aussi salariés, et comme pour tous les salariés leur pouvoir d'achat n'est pas extensible !

 

Dans une période de crise financière, comme nous en traversons une, il n'est pas concevable d'espérer améliorer la croissance avec le fait d'autoriser le travail du Dimanche.

 

Si une augmentation de la consommation, même temporaire, accompagnait cette révolution, il nous faudrait pour la satisfaire augmenter nos importations.  Cette mesure ne profiterait donc pas à l'industrie française, et risquerait de dégrader notre balance commerciale déjà bien mal en point. Nous assisterions à l'accentuation de la tertiairisation de nos emplois !

 

Il suffit de citer certains magasins de meubles à titre d'exemple pour se poser la question si la fabrication est française.

 

Nous avons vu où le capitalisme et le libéralisme nous ont menés récemment ! Il serait temps d'en tirer quelques leçons afin d'en stopper les dérives, le travail du dimanche est l'une d'elles.

 

Où s'arrêtent les dérives du libéralisme ? Si l'ouverture des magasins le dimanche devait être légalisée, à quand les ouvertures des magasins la NUIT ?

 

La vie familiale et associative des salariés doit être préservée ! La CFDT dit Stop à la déréglementation du travail !

 

Notre syndicat et les salariés des branches du commerces et services estiment que la légalisation du travail du dimanche serait une irresponsabilité politique grave de conséquence.

 

Un colloque organisé par l'institut du travail a réuni récemment tous les interlocuteurs de la région sur ce point, soit :

Les politiques, les représentants des artisans, des Commerçants, des industriels, des consommateurs, des organisations syndicales, les représentants de la justice, tel que les avocats, procureurs et la direction départementale du travail

 

Un consensus sans la moindre équivoque en est ressorti.

Tous les participants ont clairement déclaré qu'ils ne veulent aucune déréglementation des ouvertures des magasins le dimanche. Tous ont opté pour limiter les ouvertures des magasins le dimanche aux seuls dimanches négociés chaque année, soit entre 2 et 5 dimanches maximum.

 

Pour notre syndicat comme pour les salariés de la branche commerces et services de notre région le repos hebdomadaire doit être maintenu sur le dimanche et aucune loi ne doit légaliser le travail du dimanche

 

Nous souhaitons connaître votre position sur le travail dominical et vous demandons de veiller à ce que les intérêts des salariés de cette branche professionnelle soient réellement pris en compte.

 

Nous ne manquerons pas de rendre compte auprès d'eux de votre position et de vos actions entreprises en ce sens.

 

Veuillez agréer, Messieurs et Mesdames les Députés et Sénateurs, nos salutations distinguées.

  

Josiane RIHN

Secrétaire Générale Adjointe

Syndicat Commerces Services du Bas Rhin

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